Tout est objet de reflexion. Seulement, il faut oser etre sage (Vita est sapere aude)! Mwalimu Ladislas Katsuba Kinyali est Licencié ès Lettres (Philosophie) et est Chef de Travaux depuis le 15 octobre 2006 (N/Réf. : 729/MINESU/CAB.MIN/LM/AB/2006). Il est fils ainé d’une grande famille chrétienne ; il est marié et père de trois enfants. Il fait actuellement un master en Politique Comparée et Africaine (2011-2013). Pour le contacter par téléphone, il faut l’appeler aux numéros : +243 998492735 et +243 817706666.
15 Avril 2013
Pour mieux cerner cette partie , il faut lire l’Histoire des élections au Burundi d’Aurélie Agay, Master Histoire 1 sous la direction du professeur C.Thibon, Université de Pau et des Pays de l’Adour, 2009‐2010, 139 p.
A la fin du XIXème s’était produite la deuxième grande vague de colonisation, qui touchait le continent Africain. Et dès le début du XXème siècle, l'autorité des pays européens, fraîchement mis en place a été ébranlée par les deux guerres mondiales, encourageant les élites des peuples dominés à manifester une volonté d'autonomie, voir d'indépendance. En 1945 il paraissait logique que ces empires coloniaux disparaissent. Les deux Guerres mondiales avaient mis à mal la « vieille » Europe et avaient fait ressortir deux nouvelles puissances : les Etats‐Unis et l’URSS. Toutes deux, suite à leurs histoires respectives, elles étaient en faveur en de la décolonisation[1]. De plus, la « nouvelle » Organisation des Nations Unies (ONU) plaidait en faveur de l’indépendance, par son attachement à l’égalité entre les hommes. Le 26 juin 1945 fut signée la charte des Nations Unies à San Francisco par les représentants de cinquante pays, la plupart étant des pays colonisateurs, dans laquelle il y est défini, entre autres, la fin du régime de tutelle créé par l’ONU. Selon l’article 76 de la charte, le but de la gestion coloniale est de « favoriser le progrès politique, économique et social des populations ainsi que le développement de leur instruction » et de « favoriser également leur évolution progressive vers la capacité à s’administrer eux‐mêmes ou l’indépendance compte‐ tenue des circonstances particulières à chaque territoire et à ces populations »[2]. La réticence provenait des colonisateurs : ils leur étaient difficiles de renoncer à leurs Empires. Mais avec le contexte international et la montée de contestation en Afrique, les colonisateurs prirent conscience que la situation ne pouvait plus durer, et ont donc pensé à donner plus d’autonomie à leurs colonies, plutôt que de parler d’indépendance. Ce fut le cas par exemple de la France lors de la conférence de Brazzaville où De Gaulle en 1944, avait exclu l'indépendance mais promit une plus grande participation des élites indigènes dans l'administration des colonies. Dès le milieu du XXème siècle, le contexte international paraît propice à la décolonisation, d’autant que dès le début du XXème siècle et surtout après la seconde guerre mondiale, on assiste à une prise de conscience des élites africaines. Celle‐ci provoque des mouvements de contestation, parfois avec l’attitude désinvolte des autorités coloniales les mouvements se sont transformés en un combat pour l’indépendance.
L’originalité de ces nouvelles formes de résistances était que les initiateurs de ces mouvements avaient été formés à l’européenne (Hélène d’Almeida‐Topor , 1993, 1999, 2003). Ils étaient imprégnés de la culture occidentale, en particulier celle de leurs métropoles respectives. Ils se montraient soucieux de moderniser leur pays et revendiquaient l’égalité des droits des colonisés, au nom des principes mêmes du colonisateur.
Certains de ces mouvements étaient issus de partis organisés sur des bases nationales, mais les populations s’exprimaient souvent dans d’autres cadres que ceux délimités par la colonisation. Aussi, dans ces territoires crées de toute pièce par la colonisation, se développe des revendications identitaires exprimées d’abord dans le cadre d’une solidarité que l’on pourrait qualifier d’ « ethnique » (J‐P Chrétien , 1989). Le processus de décolonisation a commencé dès les années 1950, et ne s’est pas faite du jour au lendemain. Elle est prévue par étape et selon les colonisateurs la première étape consistait à inculquer aux élites une « certaine » expérience de la vie politique. Leur but était qu’à leur départ, le pays devait devenir un Etat démocratique, avec comme modèle celui de l’Occident.
Par exemple au Congo Belge le plan Van Bilzen, élaboré en 1955, prévoyait la formation en trente ans d’une élite congolaise capable de participer à la gestion des affaires politiques, mais l’agitation est devenue tellement explosive, que l’Indépendance a été accordée au début des années 1960. Ce scénario a été presque identique dans la plupart des pays africains décolonisés dans les années 1960.
Ailleurs l’octroie des indépendances, s’est fait dans certain cas par les armes et le sang, comme par exemple en Angola, au Mozambique, en Guinée‐Bissau, au Zimbabwe, ou encore en Algérie.
Enfin, les indépendances africaines s’échelonnèrent sur une longue période puisque, sans prendre en compte le cas de l’Egypte[3], quatre décennies se sont écoulées entre l’accession de
la Libye à la souveraineté[4] et celle de la Namibie[5], le dernier territoire dépendant de l’Afrique. Néanmoins on peut distinguer quatre moments de la décolonisation. Le premier moment est daté de 1956 à 1957, avec la décolonisation du Soudan, du Maroc, de la Tunisie et du Ghana, au moment même où l’Egypte du Colonel Nasser affirmait sa position avec la crise du canal de Suez. La deuxième période d’accession à la souveraineté dure de 1958 à 1965 et concerne toutes les possessions anglaises, françaises et belges de l’Afrique Noire. La troisième période de la décolonisation est marquée par de guerres entre le Portugal et ses colonies et se termine en 1975 par leur indépendance. Enfin le dernier moment concerne les derniers territoires dominés, qui ont acquis leur indépendance dans les années 1980, à la suite de lourds conflits armés.
[1]Les Etats‐Unis étaient une ancienne colonie Anglaise. L’URSS avait dénoncé dés le début le colonialisme comme une manifestation d’impérialisme capitaliste.
[2] ONU, Charte des N.U, San Francisco, ONU, 1945, art 76.
[3]Sous la pression du mouvement indépendantiste égyptien, le gouvernement britannique proclame la fin du protectorat en 1922. Mais son indépendance ne sera effective qu'en 1936.
[4]La Libye devient indépendante le 24 décembre 1951. C’est le premier pays africain à accéder à l’indépendance depuis la fin de la de la seconde guerre mondiale.
[5]La Namibie devient indépendante le 21 mars 1990. Elle était sous domination des Allemands, puis sous celle des Sud‐ africains depuis la fin de la première guerre mondiale.