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Penser le monde avec Mwalimu Ladislas Kinyali

Tout est objet de reflexion. Seulement, il faut oser etre sage (Vita est sapere aude)! Mwalimu Ladislas Katsuba Kinyali est Licencié ès Lettres (Philosophie) et est Chef de Travaux depuis le 15 octobre 2006 (N/Réf. : 729/MINESU/CAB.MIN/LM/AB/2006). Il est fils ainé d’une grande famille chrétienne ; il est marié et père de trois enfants. Il fait actuellement un master en Politique Comparée et Africaine (2011-2013). Pour le contacter par téléphone, il faut l’appeler aux numéros : +243 998492735 et +243 817706666.

Conférence sur les blessures intérieures / Université de Kasugho

 

 Si l’on peut dire un mot sur ce qu’une blessure, on comprendra qu’il s’agit d’une lésion produite, involontairement ou pour nuire, sur les tissus vivants par une pression. Dans le cas qui nous concerne (blessures intérieures), il s’agit d’une atteinte morale qui par la suite caractérise la vie future de la personne humaine.

 

Sources des blessures intérieures :

 

-         Le monde extérieur

-         Les prédispositions intérieures

-         La tyrannie du mal sur nous

 

Nous allons, tout au long de notre échange, réfléchir sur les blessures qui relèvent du monde extérieur ; notamment les parents qui, personne ne l’ignore, ont une très grande influence sur leurs enfants. Notons que les parents diffèrent les uns des autres et que c’est la façon dont ils se comportent à l’endroit de leurs enfants qui sert de fondation pour la formation de leur (enfants) personnalité. Peut-être agissent-ils parfois ainsi parce que eux-mêmes blessés, sans le savoir !

 

* QUELQUES SOURCES DES BLESSURES INTERIEURES

 

1.      Des parents difficiles à satisfaire

Ici, il est question des parents qui ne sont jamais satisfaits de ce que font leurs enfants. Quoi que fasse l’enfant, jamais le parent ne sera satisfait de l’effort fourni. Ceci est une blessure qui va pousser l’enfant à céder au découragement. Et comme il ne peut se passer de ses parents, il va développer un complexe d’infériorité et va créer en lui une image du « paraître » alors que cela ne vient pas de son cœur. Il va agir pour plaire et non par conviction. Il faut être parfait pour plaire aux adultes. D’où, il va cultiver le perfectionnisme qui n’est pas sans conséquence.

 

2.      Des parents imprévisibles

Il s’agit des parents dont les réactions ne peuvent être prévues. Ce sont des parents qui sont tout le temps en conflit avec leurs enfants car tout ce que font ces derniers est réprimé. Ces enfants sont continuellement ballottés et ne savent finalement quelle attitude prendre. Ils vont se cacher derrière la timidité, le calme. Ils seront continuellement en colère (refoulée) et auront tendance à se cacher derrière les opinions des autres. Il s’agit des personnes qui ne veulent pas avoir des problèmes avec les autres et la timidité est pour elles une protection contre l’attitude des adultes. C’est une attitude inconsciente dont, le plus souvent, on ne se rend pas compte.

 

3.      Des parents négligents

Il s’agit des parents qui, par négligence ou faute de temps, ne font pas le suivi de leurs enfants car occupés par des choses qu’ils jugent plus importantes. Une semaine, deux semaines et même plus, les enfants ne verront leurs parents que le matin ou peut-être même iront à l’école sans qu’ils ne les aient vus car rentrant toujours à domicile quand ils sont déjà au lit.  Les enfants trouveront qu’ils ne valent rien et qu’il y a, ailleurs, des choses plus importantes qu’eux.

 

4.      Parents distributeurs des blâmes

Il s’agit des parents  difficiles à satisfaire et qui blâment à temps et à contre temps leurs enfants. Notons qu’une telle attitude n’aide pas les enfants à développer leur personnalité. Un moment donné, ces enfants  seront « immunisés » et deviendront  insouciants de toute remarque qui puisse leur venir de l’extérieur.

Ceci nous rappelle un enfant qui aimait le jeu de football et qui chaque fois qu’il rentrait de ce jeu recevait des fessées. Un bon jour, il sera organisé un match d’enfants dans lequel il était aligné. Avant de partir, le pauvre va demander calmement à son père de le fouetter au lieu de l’être avant le repas du soir ou même avant de dormir. 

Cette demande de l’enfant montre combien il était déjà « immunisé » contre les fouets et qu’il pouvait, désormais, les demander à son père. Qu’est-ce qui l’empêcherait, dès lors, de faire tout ce que son père lui interdit !

 

* QUELQUES BLESSURES INTERIEURES

 

1. Le perfectionnisme

Le perfectionnisme est une blessure intérieure qui émane des parents difficiles à satisfaire. L’enfant a l’image qu’il n’est aimé que quand il a bien fait. Il fera un effort de toujours plaire aux adultes. Il faut que tout le monde apprécie ce qu’il fait. Malheureusement, si on n’y arrive pas, on se sent coupable (culpabilité). On ne peut pas supporter la moindre imperfection. Tout est programmé et doit se réaliser tel que prévu. Comme conséquence, ces enfants ont tendance à s’attribuer tout ce qui marche tout en attribuant aux autres ce qui ne marche pas. Il s’agit là des personnes qui ne sont pas sûres d’elles-mêmes et qui nient leurs talents rien que pour plaire aux adultes (parents). Ce ne sont donc pas ces personnes qui agissent plutôt leurs parents qui agissent en elles. Elles réagissent, sans se rendre compte, sous la colère (méchanceté). Il leur manque une certaine méthodologie.

 

2. La sous-estimation de soi

Il s’agit d’une conviction de ne rien valoir. Ce sont les autres qui ont toujours raison ; et, ce que l’on tente de faire est toujours ballotté. Il ne va se former aucune personnalité. Le sentiment d’infériorité est très profond. La personne s’ignore car « consciente » de n’avoir aucun don, aucune capacité. Elle a continuellement peur de s’engager et s’enfonce ainsi dans la médiocrité. Toutes motivations, tous les rêves sont anéantis. Et, comme la personne ne s’aime pas elle-même, elle aura des difficultés à aimer les autres. Elle a peur de servir mais aussi peur d’être servie. Il y a ici une timidité maladive. D’où, une personne difficile à guérir.

 

3. L’anxiété et la peur

La personne a une conscience anxieuse, de peur, d’angoisse. Cela cache l’hypersensibilité. Il s’agit d’une petite chose pour que l’on soit blessé. La personne va essayer de vivre dans l’hypocrisie croyant que les autres ne sont là que pour sonder sa personnalité et lui rendre la vie difficile. La peur des autres et surtout de l’autorité  est vive  de façon que l’on ne soit pas tranquille. Une telle personne ne voit que la déviation des autres, a des difficultés à décider seul ou à choisir sans demander conseil, est incapable de prendre des initiatives, ne peut prendre des risques, n’a pas de paix intérieure et a le sentiment d’être persécuté, est incapable de responsabilité car se disant ne pas être à la hauteur ; bref, une personne mal à l’aise. Pour ne pas rencontre des difficultés, cette personne se replie sur elle-même et évite toute occasion de rencontre avec les autres.

Cette anxiété aboutie à la dépression qui n’est rien d’autre qu’un état mental caractérisé par du découragement.

 

4. Le légalisme

Il s’agit ici de respecter et d’obéir à tout prix à la loi. On fait tout pour faire ses devoirs à temps et avec perfection. On n’a pas la conscience tranquille tant qu’on n’a pas fait son devoir. On est poussé par les devoirs et les interdits. On ne s’apprécie pas soi-même et par conséquent on cherche l’appui des autres. La personne reste ainsi un éternel enfant qui manque de la maturité pour être personnel. Elle sera caractérisée par la critique négative des autres, les blâmes continuelles des autres, cultive la haine contre les autres (surtout l’autorité) et peut les persécuter.

 

5. La haine

Véritable blessure intérieure, la haine a pour compagnons de route la colère et le ressentiment (fait de se souvenir avec animosité des maux, des torts qu’on a subi ; rancune) enfouis profondément dans le cœur de l’homme. La haine brise toute harmonie dans la vie de l’homme. Elle peut s’enfouir dans le profond du cœur sous forme de timidité ou d’attitude pieuse (piété en son sens négatif). Une personne haineuse à tendance à voir en tout le monde un ennemi et a des difficultés pour pardonner.  Curieusement, la haine est présente chez tout le monde.

 

6. La tristesse

La tristesse dont il est question est cette douleur que l’on ne sait pas expliquer soi-même. Il s’agit d’une tristesse maladive qui n’a pas de cause et qui est le fruit de découragement. Cette tristesse conduit très vite à la dépression. Elle pousse à un attachement désordonné aux biens matériels ; de façon que la personne ne peut se sentir à l’aise tant qu’il n’a pas obtenu ceci ou cela. Cette tristesse est souvent causée par la haine et coupe la personne des autres.

 

7. La paresse 

La paresse est un état d’âme qui correspond à l’ennuie, à l’état de dégoût, de débattement. La personne se sent mal à l’aise, lourd de corps et d’âme. Il s’agit d’une blessure dont les parents sont imprévisibles, insatisfaits. On n’a de goût pour quoi que ce soit et l’on n’attend rien de rien. La personne est toujours instable, se déplace (sans motif) d’un endroit à un autre. Ses relations avec les autres sont superficielles et fuit les responsabilités, le travail. Ses réactions sont souvent accompagnées d’anxiété et sont d’une nature lâche. Cette blessure pousse la personne vers le laisser-aller, engendre le vide dans l’âme de la personne et conduit à une négligence généralisée à tout point de vue.  C’est une blessure accablante, qui pèse au fond de l’être.

 

8. La luxure

Il s’agit ici de la recherche démesurée des plaisirs sexuels. C’est une blessure des enfants dont les parents mènent une vie dévergondée ou assistent, indépendamment d’eux (faute de place sans doute), aux scènes conjugales. Il va se créer en eux un désir sexuel qu’il faut à tout prix satisfaire ; et, la tendance sera de chosifier les autres en les prenant pour des objets de plaisir. Il y a chez de tels enfants un renversement des valeurs et leurs esprits sont souvent déséquilibrés. Pas de volonté, pas de contrôle…le seul principe étant celui de répondre aux instincts.

 

* QUELQUES EFFETS DES BLESSURES INTERIEURES

 

Beaucoup de nos maladies ont pour origine les blessures intérieures contractées dans l’enfance. Souvent, ce sont des maladies involontaires, dont on n’est pas responsable. Et, il se crée parfois une dépression, un manque de pardon.

 

1. La culpabilité

Dans nos relations, nous demandons toujours qu’on nous pardonne alors que nous pardonnons difficilement. Il est donc une évidence que nous croyons difficilement au pardon.

La colère, la jalousie, le ressentiment… sont autant de sentiments cultivés contre soi-même et qui entraînent des conflits, des guerres entre les humains. Quand on se reconnaît non pardonné, on devient intolérant à l’endroit des autres et on crée des conflits qui creusent des jalousies en nous. On est ainsi, intérieurement, en guerre ; on se sent tourmenté, torturé et on cherche à torturer les autres. On devient colérique, on se sent incompris, non accepté par les autres. On devient finalement insupportable.

 

* GUERISONS DES BLESSURES INTERIEURES

 

Pour toute maladie, la guérison est toujours lente. Elle est un long processus croissant qui, pour une guérison efficace, demande la participation du patient lui-même.

 

1. La volonté de sortir du mal et l’acceptation active de la réalité

Il s’agit de comprendre que la solution n’est pas automatique et qu’elle implique des exigences. La première démarche serait de faire l’anamnèse de sa vie et prendre conscience de ses blessures. Quand nous acceptons la réalité de notre propre histoire, la situation dans laquelle nous sommes,…c’est déjà une grande guérison. La vie est une lutte continuelle qui ne doit pas nous permettre de céder à la résignation. Il faut savoir dire oui à ce qui arrive et accepter d’avancer dans la lutte en ayant en tête que la réalité est une remise continuelle sur la route de la vie. La deuxième serait ainsi celle de chercher à transcender ces blessures en vue de les vaincre. La guérison de nos blessures exige donc un effort personnel pour sortir de nos maux.

 

2. L’acceptation d’être blessé (malade)

Le quotidien nous montre que autant qu’on ne peut admettre qu’on est malade, autant on ne peut avaler du médicament. Le malade, s’étant reconnu malade, ne peut guérir que lorsqu’il se conforme à ce que le médecin lui prescrit. D’où, pour guérir de nos maux, il faut que nous acceptions d’avance que nous sommes (blessés) malades.

 

3. L’acceptation de soi-même

Quand nous reconnaissons les ombres de notre vie, nous détruisons le masque qui nous empêche de guérir. Il nous faut accepter la réalité que nous sommes car si cela est dur quand c’est dit par un tiers.  Il faut que nous arrivions à reconnaître nos défauts; car, en les refusant, nous refuserions également l’imperfection de la nature humaine.  Une bonne guérison serait donc le résultat d’une bonne découverte de ses maux, ses blessures dans le but de s’en libérer.

 

4. Le renoncement au mal

Le mal, une fois découvert et nommé par son nom, se fragilise et peut maintenant être bouté dehors. Dans la vie, il ne faut jamais céder au découragement. En tombant, il faut toujours se redresser. Notons que toute blessure peut guérir et qu’il suffit de se décider pour en guérir. Cette décision implique un renoncement (un deuil) à ce que l’on a estimé cher pour soi.

 

* MOYENS DE LUTTE CONTRE CERTAINES  BLESSURES

 

Pour certaines petites blessures, qu’est-ce que nous pouvons avoir comme moyens de lutte ?

 

1. Etre naturel

Dans la vie, c’est toujours nécessaire d’être simple, naturel pour éviter d’être pris au piège de ses propres principes (se dérober au raisonnement ad hominem). C’est toujours plus facile de surmonter les difficultés qui arrivent indépendamment de soi-même que de transcender celles dont on est soi-même promoteur ; car résultat d’un caractère difficile,... Etre naturel veut donc dire avancer dans ce que l’on a choisi et être épanoui.

 

2. Le sport

Le sport (dans toutes ses dimensions : football, volley-ball, marche de santé,…) est très capital dans la vie humaine. Il détend l’esprit et procure la paix intérieure après un travail assidu et intense.

 

3. Prendre soins de se reposer
   Le travail ennobli l’homme. Cependant, il faut travailler tout en veillant au repos car ce dernier (le repos) donne un nouvel élan à l’esprit et lui évite des tensions. Rester à bavarder avec les amis, les enfants,…ce n’est jamais une perte de temps. La fatigue diminue la résistance, les conditions d’écoute, rend fragile et vulnérable, prédispose à la colère. Dans la vie, savoir s’occuper de soi-même est très noble !

4. Savoir habiter ses actes

    Avant d’agir, il faut se demander préalablement pourquoi on agit. Il faut savoir prendre conscience de ce que l’on fait et se sentir responsable de ce que l’on est. On devra ainsi savoir que l’on est la cause de ce qui arrive, responsable de ses actes : colère, nervosité, haine,… et se dire par exemple qu’ « on  est fâché parce que l’on est colérique et non parce que l’on a été mis à colère ».

 

5. Savoir demander pardon et le donner
    En son sens étymologique, le pardon est tout simplement le parfait don qui soit, l’au-delà du don. Pour toute âme qui veut progresser, le pardon est très important. Evidemment, certains pardons sont humainement impossibles comme avoir du mal à pardonner quiconque prend plaisir à me persécuter,… Tout de même, il faut prendre la formule de Jésus : « Père, pardonne-leur car ils ne savent pas ce qu’ils font ».  Quand nous refusons de pardonner nous récusons le Christ car c’est lui le pardon par excellence.  

Quelques difficultés du pardon: demander continuellement pardon sans jamais changer ; le caractère d’infériorité du pardon (demander pardon pour le demander et non parce que convaincu de ce que l’on fait et dit). Nous devons donc apprendre à pardonner du fond  de notre cœur. Les actes doivent être le toit de notre pardon. Nous devons d’abord nous pardonner nous-mêmes car nos colères sont souvent des règlements des comptes de nos propres actes antérieurs.   

 

 

CONCLUSION

 

Au bout de ces quelques lignes, nous comprenons que notre vie, une fois devenue adulte, est  a pour soubassement ce que nous avons été dans notre enfance. Pour la formation de la personnalité des enfants, les parents devront faire un effort d’être tolérants, compréhensifs et surtout éducateurs tout en ne foulant pas aux pieds le principe selon lequel « Qui aime bien châtie bien ».

Et si, à l’âge adulte, nous pouvons nous rendre compte que notre vie est fondée sur des blessures intérieures, il faut que nous fassions l’anamnèse de notre vie, toucher du doigt nos maux afin d’en guérir. Le plus souvent, certaines de nos maladies ne peuvent guérir parce que nous les localisons au niveau physiologique alors qu’elles relèvent du psychique. L’essentiel pour notre guérison serait de nous connaître en fond et chercher à transcender nos maux.

 

 

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B
content de votre exposé mais j'aurai voulu même si c'est un travail purement scientifique faire un clin d’œil à la religion, car en réalité tout homme est un être religieux; puis guérir d'une blessure intérieur sans une intervention divine n'est pas souvent chose évidente.
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M
je suis tres contente de votre exposé. Mais je suis restée sur ma soif, car j'aurai bien voulu que vous developpiez les trois sources des blessures intérieueres. car je voudrais bien comprendre ce<br /> que vous appelez par les prédispositions intérieures et la tyranie du mal en nous. merci, Rolande
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C
Mon Blog(fermaton.over-blog.com),No-10. THÉORÈME DU RING. Nul ne guérit de son enfance ?
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